La qualité de l’eau du robinet est cruciale pour la santé publique. Avec des millions de foyers dépendant de cette ressource essentielle, il est impératif de comprendre les défis et les solutions liés à sa gestion. Cet article explore les différents aspects de la qualité de l’eau, les réglementations en vigueur en France, et les efforts déployés pour assurer une eau potable sûre… mais aussi les controverses.
Importance de l’Eau Potable
Qualité de l’Eau du robinet en France en 2025
Enjeu de santé publique, l’eau potable de nos communes en France n’est pas la même partout.
On fait le point!
1 – C’est quoi une eau propre ?
1.1 – Organes de sûreté de l’eau potable
Premièrement, nous ne sommes pas seuls !
En effet, on retrouve plusieurs organes de contrôle, d’information, de recherche, et de surveillance pour s’occuper de l’eau potable en France. Sans compter le travail de plusieurs associations, de régies et de journalistes indépendants, on peut citer ces organes officiels:
Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES)
L’ANSES fournit des analyses détaillées sur les polluants présents dans l’eau, garantissant des données fiables et à jour.
Ministère de la Transition Écologique
Le ministère publie régulièrement des rapports sur la gestion de l’eau et les politiques environnementales en France.
Institut National de la Recherche Agronomique (INRAE)
L’INRAE mène des recherches approfondies sur les impacts des polluants agricoles sur la qualité de l’eau.
Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
L’IRSN évalue les risques radiologiques potentiels dans l’eau potable, assurant une sécurité accrue.
Réseau de Veille Sanitaire (ARS)
Ce réseau surveille les incidents liés à l’eau potable et publie des alertes sanitaires pertinentes.
Observatoire national des Services Publics d'Eau et d'Assainissement (SISPEA)
Analyse la performance des services d’eau potable et d’assainissement, assurant la transparence des données.
Centre d'Information sur l'Eau (CIE)
Fournit des informations pédagogiques sur la gestion et la distribution de l’eau en France.
Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
L’OMS offre des directives internationales sur la qualité de l’eau potable, servant de référence mondiale.
À présent on le sait, on est plutôt bien entourés pour avoir une eau propre.
1.2 – Éléments mesurés dans l’eau potable
Poursuivons maintenant avec la législation, qui définit les limites et références de qualité de l’eau à destination de la consommation humaine. Ce sont ces critères qui vont déterminer la propreté de notre eau du robinet, et ces limites de qualités vont donc définir si elle est potable ou non.
Dans cet arrêté du ministère de la santé mis à jour au 1er Janvier 2023, on peut constater qu’une liste significative d’éléments sont considérés. Voici un extrait de l’Annexe 1 :
I. – Limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine
A. - Paramètres microbiologiques
PARAMÈTRES | LIMITES DE QUALITÉ (unités) |
---|---|
Escherichia coli (E. coli) | 0/100 mL |
Entérocoques intestinaux | 0/100 mL |
B. - Paramètres chimiques
PARAMÈTRES | LIMITES DE QUALITÉ | UNITÉS | NOTES |
---|---|---|---|
Acides haloacétiques | 60 | µg/ L | On entend la somme des 5 paramètres suivants : acides chloroacétique, dichloroacétique, trichloroacétique, bromoacétique et dibromoacétique. |
Acrylamide | 0,10 | µg/ L | |
Antimoine | 10 | µg/ L | |
Arsenic | 10 | µg/ L | |
Benzène | 1,0 | µg/ L | |
Benzo [a] pyrène | 0,010 | µg/ L | |
Bisphénol A | 2,5 | µg/ L | |
Bore | 1,5 | mg/ L | La limite de qualité est fixée à 2,4 mg/ L lorsque l’eau dessalée est la principale ressource en eau utilisée ou dans les zones géographiques où les conditions géologiques pourraient occasionner des niveaux élevés de bore dans les eaux souterraines |
Bromates | 10 | µg/ L | La valeur la plus faible possible inférieure à cette limite doit être visée sans pour autant compromettre la désinfection. |
Cadmium | 5,0 | µg/ L | |
Chlorates | 0,25 | mg/ L | La limite de qualité est fixée à 0,70 mg/ L lorsqu’une méthode de désinfection des eaux destinées à la consommation humaine qui génère des chlorates est utilisée. La valeur la plus faible possible inférieure à cette limite doit être visée sans pour autant compromettre la désinfection. |
Chlorites | 0,25 | mg/ L | La limite de qualité est fixée à 0,70 mg/ L lorsqu’une méthode de désinfection des eaux destinées à la consommation humaine qui génère des chlorites est utilisée. La valeur la plus faible possible inférieure à cette limite doit être visée sans pour autant compromettre la désinfection. |
Chlorure de vinyle | 0,50 | µg/ L | |
Chrome | 25 | µg/ L | La limite de qualité est fixée à 50 µg/ L jusqu’au 31 décembre 2035. En cas de valeur supérieure à 6 µg/ L, il est procédé à l’analyse du chrome VI. |
Chrome VI | 6 | µg/ L | |
Cuivre | 2,0 | mg/ L | |
Cyanures totaux | 50 | µg/ L | |
1,2-dichloroéthane | 3,0 | µg/ L | |
Epichlorhydrine | 0,10 | µg/ L | |
Fluorures | 1,5 | mg/ L | |
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) | 0,10 | µg/ L | Pour la somme des composés suivants : benzo [b] fluoranthène, benzo [k] fluoranthène, benzo [ghi] pérylène, indéno [1,2,3-cd] pyrène |
Mercure | 1,0 | µg/ L | |
Total microcystines | 1,0 | µg/ L | Par total microcystines, on entend la somme de toutes les microcystines quantifiées, en considérant l’ensemble des variants, intra et extracellulaires. La limite de qualité s’applique uniquement pour les eaux d’origine superficielle. |
Nickel | 20 | µg/ L | |
Nitrates | 50 | mg/ L | La somme de la concentration en nitrates divisée par 50 et de celle en nitrites divisée par 3 doit rester inférieure ou égale à 1. |
Nitrites | 0,50 | mg/ L | La somme de la concentration en nitrates divisée par 50 et de celle en nitrites divisée par 3 doit rester inférieure ou égale à 1. En sortie des installations de traitement, la limite de qualité en nitrites doit être inférieure ou égale à 0,10 mg/ L. |
Somme des substances alkylées per et polyfluorées | 0,10 | µg/ L | On entend par la somme des substances alky perfluorées, les substances qui sont considérées comme préoccupantes pour les EDCH et dont la liste figure ci-dessous : -Acide perfluorobutanoïque (PFBA) -Acide perfluoropentanoïque (PFPeA) -Acide perfluorohexanoïque (PFHxA) -Acide perfluoroheptanoïque (PFHpA) -Acide perfluoroctanoïque (PFOA) -Acide perfluorononanoïque (PFNA) -Acide perfluorodécanoïque (PFDA) -Acide perfluoroundécanoïque (PFUnDA) -Acide perfluorododécanoïque (PFDoDA) Acide perfluorotridécanoïque (PFTrDA) -Acide perfluorobutanesulfonique (PFBS) -Acide perfluoropentanesulfonique (PFPeS) -Acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) -Acide perfluoroheptane sulfonique (PFHpS) -Acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) -Acide perfluorononane sulfonique (PFNS) -Acide perfluorodécane sulfonique (PFDS) -Acide perfluoroundécane sulfonique (PFUnDS) -Acide perfluorododécane sulfonique (PFDoDS) -Acide perfluorotridécane sulfonique (PFTrDS) Il s’agit d’un sous-ensemble des substances alkylés per et polyfluorés, qui contiennent un groupement de substances perfluoroalkylées comportant trois atomes de carbone ou plus (à savoir,-CnF2n-, n ≥ 3) ou un groupement de perfluoroalkyléthers comportant deux atomes de carbone ou plus (à savoir,-CnF2nOCmF2m −, n et m ≥ 1). |
Pesticides (par substance individuelle). | 0,10 | µg/ L | Par pesticides, on entend : -les insecticides organiques ; -les herbicides organiques ; -les fongicides organiques ; -les nématocides organiques ; -les acaricides organiques ; -les algicides organiques ; -les rodenticides organiques ; -les produits antimoisissures organiques ; -les produits apparentés (notamment les régulateurs de croissance) et leurs métabolites, tels que définis à l’article 3, point 32), du règlement (CE) n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil, qui sont considérés comme pertinents pour les eaux destinées à la consommation humaine. Un métabolite de pesticide est jugé pertinent pour les eaux destinées à la consommation humaine s’il y a lieu de considérer qu’il possède des propriétés intrinsèques comparables à celles de la substance mère en ce qui concerne son activité cible pesticide ou qu’il fait peser (par lui-même ou par ses produits de transformation) un risque sanitaire pour les consommateurs. |
Aldrine, dieldrine, heptachlore, heptachlorépoxyde (par substance individuelle) | 0,03 | µg/ L | |
Total pesticides | 0,50 | µg/ L | Par total pesticides, on entend la somme de tous les pesticides individuels quantifiés |
Plomb | 5 | µg/ L | La limite de qualité est fixée à 10 µg/ L jusqu’au 31 décembre 2035. Cette limite de qualité s’applique en amont des installations privées. La limite de qualité au robinet du consommateur reste fixée à 10 µg/ L bien qu’une valeur inférieure à 5 µg/ L doit être visée d’ici au 1er janvier 2036. Les mesures appropriées pour réduire progressivement la concentration en plomb dans les eaux destinées à la consommation humaine au cours de la période nécessaire pour se conformer à la limite de qualité de 5 µg/ L sont précisées aux articles R. 1321-55 et R. 1321-49 (arrêté d’application) Lors de la mise en œuvre des mesures destinées à atteindre cette valeur, la priorité est donnée aux cas où les concentrations en plomb dans les eaux destinées à la consommation humaine sont les plus élevées |
Sélénium | 20 | µg/ L | La limite de qualité est fixée à 30 µg/ L dans les zones géographiques où les conditions géologiques pourraient occasionner des niveaux élevés de sélénium dans les eaux souterraines. |
Tétrachloroéthylène et trichloroéthylène | 10 | µg/ L | Somme des concentrations des paramètres spécifiés. |
Total trihalométhanes (THM). | 100 | µg/ L | La valeur la plus faible possible inférieure à cette valeur doit être visée sans pour autant compromettre la désinfection. Par total trihalométhanes, on entend la somme de : chloroforme, bromoforme, dibromochlorométhane et bromodichlorométhane. |
Turbidité | 1,0 | NFU | La limite de qualité est applicable au point de mise en distribution, pour les eaux visées à l’article R. 1321-37 et pour les eaux d’origine souterraine provenant de milieux fissurés présentant une turbidité périodique supérieure à 2,0 NFU. En cas de mise en œuvre d’un traitement de neutralisation ou de reminéralisation, la limite de qualité s’applique hors augmentation éventuelle de turbidité due au traitement. |
Uranium | 30 | µg/ L |
II. − Références de qualité des eaux destinées à la consommation humaine
A. - Paramètres microbiologiques
PARAMÈTRES | RÉFÉRENCES DE QUALITÉ (unités) | NOTES | |
---|---|---|---|
Bactéries coliformes | 0/100 mL | ||
Spores de micro-organismes anaérobies sulfito-réducteurs | 0/100 mL | Ce paramètre doit être mesuré lorsque l’eau est d’origine superficielle ou influencée par une eau d’origine superficielle. En cas de non-respect de cette valeur, une enquête doit être menée sur le réseau de distribution d’eau pour s’assurer qu’il n’y a aucun risque pour la santé humaine résultant de la présence de micro-organismes pathogènes, par exemple Cryptosporidium. | |
Numération de germes aérobies revivifiables à 22° C et à 36° C. | Le résultat ne doit pas varier au-delà d’un facteur 10 par rapport à la valeur habituelle |
B. - Paramètres chimiques et organoleptiques
PARAMÈTRES | RÉFÉRENCES DE QUALITÉ | UNITÉS | NOTES |
---|---|---|---|
Aluminium | 200 | µg/ L | |
Ammonium | 0,10 | mg/ L | S’il est démontré que l’ammonium a une origine naturelle, la référence de qualité est de 0,50 mg/ L pour les eaux souterraines. |
Baryum | 0,70 | mg/ L | |
Carbone organique total (COT). | 2 et aucun changement anormal | mg/ L | |
Indice permanganate | 5,0 | mg/ L O2 | |
Chlore libre et total | Absence d’odeur ou de saveur désagréable et pas de changement anormal. | ||
Chlorites | 0,20 | mg/ L | La référence de qualité s’applique jusqu’au 31 décembre 2025. Sans compromettre la désinfection, la valeur la plus faible possible doit être visée. |
Chlorures | 250 | mg/ L | Les eaux ne doivent pas être corrosives. |
Conductivité | ≥ 180 et ≤ 1 000 | µS/ cm | Les eaux ne doivent pas être corrosives. |
à 20° C | |||
ou | |||
≥ 200 et ≤ 1 100 | µS/ cm | ||
à 25° C | |||
Couleur | Acceptable pour les consommateurs et aucun changement anormal. Inférieure ou égale à 15 | mg/ L (Pt) | |
Cuivre | 1,0 | mg/ L | |
Equilibre calcocarbonique | Les eaux doivent être à l’équilibre calcocarbonique ou légèrement incrustantes | ||
Fer | 200 | µg/ L | |
Manganèse | 50 | µg/ L | |
Odeur | Acceptable pour les consommateurs et aucun changement anormal. Pas d’odeur détectée pour un taux de dilution de 3 à 25° C | ||
pH | ≥ 6,5 et ≤ 9 | Unité pH | Les eaux ne doivent pas être agressives. |
Saveur | Acceptable pour les consommateurs et aucun changement anormal. Pas de saveur détectée pour un taux de dilution de 3 à 25° C | ||
Sodium | 200 | mg/ L | |
Sulfates | 250 | mg/ L | Les eaux ne doivent pas être corrosives |
Température | 25 | ° C | A l’exception des eaux ayant subi un traitement thermique pour la production d’eau chaude. |
Cette valeur ne s’applique pas dans les départements d’outre-mer. | |||
Turbidité | 0,50 | NFU | La référence de qualité est applicable au point de mise en distribution, pour les eaux visées à l’article R. 1321-37 et pour les eaux d’origine souterraine provenant de milieux fissurés présentant une turbidité périodique supérieure à 2,0 NFU. En cas de mise en œuvre d’un traitement de neutralisation ou de reminéralisation, la référence de qualité s’applique hors augmentation éventuelle de turbidité due au traitement. |
2 | NFU | La référence de qualité s’applique aux robinets normalement utilisés pour la consommation humaine. |
C. - Paramètres indicateurs de radioactivité
PARAMÈTRES | RÉFÉRENCES DE QUALITÉ | UNITÉS | NOTES |
---|---|---|---|
Activité alpha globale | En cas de valeur supérieure à 0,10 Bq/ L, il est procédé à l’analyse des radionucléides spécifiques définis dans l’arrêté mentionné à l’article R. 1321-20. | ||
Activité bêta globale résiduelle | En cas de valeur supérieure à 1,0 Bq/ L, il est procédé à l’analyse des radionucléides spécifiques définis dans l’arrêté mentionné à l’article R. 1321-20. | ||
Dose indicative (DI) | 0,1 | mSv/ an | Le calcul de la DI est effectué selon les modalités définies à l’article R. 1321-20 |
Radon | 100 | Bq/ L | Uniquement pour les eaux d’origine souterraine |
Tritium | 100 | Bq/ L | La présence de concentrations élevées de tritium dans l’eau peut être le témoin de la présence d’autres radionucléides artificiels. En cas de dépassement de la référence de qualité, il est procédé à l’analyse des radionucléides spécifiques définis dans l’arrêté mentionné à l’article R. 1321-20. |
III. – Valeurs indicatives dans les eaux destinées à la consommation humaine
PARAMÈTRES | VALEURS INDICATIVES | UNITÉS | NOTES |
---|---|---|---|
Métabolites de pesticides non pertinents (1), par substance individuelle | 0,9 | µg/ L | |
(1) Après évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. |
IV. – Valeurs de vigilance dans les eaux destinées à la consommation humaine
PARAMÈTRES | VALEURS DE VIGILANCE | UNITÉS | NOTES |
---|---|---|---|
17 béta estradiol | 1 | ng/ L | |
Nonylphénol (1) | 300 | ng/ L | |
(1) Pour le nonylphénol, le numéro CAS est le 84852-15-3. |
Par ailleurs on notera les nuances employées par le ministère entre les 4 chapitres de l’extrait ci-dessus.
En effet, on distingue ces 4 qualifications distinctes:
- La limite de qualité,
- La référence de qualité,
- La valeur indicative,
- La valeur de vigilance.
Parmi elles, seule la limite de qualité est contraignante légalement, c’est-à-dire qu’en cas de dépassement, des actions correctives ou des sanctions peuvent être imposées.
Pour les 3 autres, il s’agit de seuils recommandés ou d’orientation à des fins d’évaluation, mais leur dépassement n’entraîne pas forcément de mesures correctives.
2 – Qu’est-ce qu’il y a dans l’eau du robinet ?
2.1 – Résultats d’analyse de l’eau par commune
Puis de sélectionner:
- le département,
- la commune,
- et le réseau (c’est-à-dire le l’origine de l’eau, s’il y a plusieurs réservoirs dans la commune) :

Vous obtenez ainsi la synthèse de la dernière analyse de l’eau en date avec tous les détails physicochimiques:

On remarquera toutefois que les paramètres mesurés sont beaucoup moins nombreux que la liste des paramètres définis dans l’arrêté du ministère évoqué au chapitre précédent.
2.2 – Résultats d’analyse de l’eau par l’ARS
D’autre part, l’ARS met à disposition une carte interactive vous permettant de retrouver facilement les informations complémentaires sur l’analyse de l’eau du robinet que vous consommez.
Vous obtenez une fiche PDF récapitulative avec tous les paramètres de votre eau, c’est très bien fait.

2.3 – Résultats d’analyse de l’eau par département
De la même manière, des données sont compilées afin de contruire une carte représentant la proportion de population desservie par une eau conforme en regard des nitrates, ainsi que des pesticides:


Des efforts pour améliorer les infrastructures et renforcer les contrôles sont faits, mais des disparités régionales subsistent toujours.
2.4 – Résultats d’analyse globaux de l’eau potable
De même que pour les résultats par communes, le ministère met à disposition les statistiques globales de l’ensemble du territoire français.
Ici, il s’agit des concentrations maximales en nitrates relevées pour 2022 :

Et là, il s’agit de la conformité de l’eau selon les concentrations de pesticides pour 2022 :

Comme l’illustre le niveau des concentrations (même très faibles), les nitrates et pesticides sont tout de même présents dans les situations conformes. Toutefois, ces concentrations ne sont pas considérées comme dangereuses par les autorités sanitaires.
Ainsi nous vous invitons à surveiller régulièrement la publication de ces rapports qui sont riches d’interprétations.
3 – Des controverses sur l’eau du robinet ?
3.1 – Gestionnaires des réseaux d’eau
Il faut dire que les délégations de service public de gestion de l’eau vers des entreprises privées couvrent plus de la moitié du réseau français. On les retrouve le plus souvent dans les zones urbaines à forte densité. Ces sociétés privées sont souvent critiquées pour leur opacité tarifaire et leurs marges bénéficiaires jugées excessives.
Cependant, on constate actuellement de plus en plus de remunicipalisation (c’est-à-dire un retour à une gestion publique), même dans des villes importantes comme Grenoble (2000), Paris (2010) ou Nice (2021).
Les citoyens justifient ce choix pour des raisons de coût, de transparence et de meilleure maîtrise des ressources.
Régies Publiques
Les régies publiques gèrent environ 40% des réseaux d’eau potable en France. Elles sont souvent plébiscitées pour leur transparence et leur caractère non-lucratif. Cependant, elles font face à des défis financiers et techniques pour moderniser les infrastructures vieillissantes. Également, les réformes budgétaires décidées par les gouvernements successifs, et la réduction des subventions, n’arrangent pas les choses.
Sociétés Privées
Les sociétés privées, telles que Veolia et Suez, gèrent environ 60% des réseaux d’eau en France. Elles apportent des innovations technologiques et des investissements significatifs, mais leur gestion est parfois critiquée pour un manque de transparence, des tarifs élevés et parfois un manque d’entretien général du réseau.
Partenariats Public-Privé
Enfin, les partenariats public-privé (PPP) sont de plus en plus courants dans la gestion de l’eau. Car en effet, ils permettent de combiner l’expertise du secteur privé avec les objectifs de service public. Cependant, ils nécessiteraient sans doute une régulation plus stricte pour garantir l’intérêt général en toute transparence.
3.2 – Du plomb dans l’eau
En outre, il existe encore certains vieux bâtiments construits avant 1949, dans lesquels les canalisations sont d’époque, c’est-à-dire en plomb. Cela peut paraître anecdotique…
Selon cet article du Centre de l’Information sur l’Eau, le Conseil général de l’environnement et du développement durable répertorie encore 7,5 millions de logements équipés de canalisations en plomb en France. Cela représente 22% du parc immobilier français, ce qui est considérable.

Car en effet, il est absurde de recevoir une eau propre jusqu’au compteur de votre logement, puis de la polluer vous-même avec votre installation au plomb… D’autant que l’intoxication au plomb peut avoir des conséquences désastreuses sur l’organisme humain, notamment chez les jeunes enfants.
Toutefois, l’investissement pour remplacer l’ensemble des canalisation d’eau dans les logement anciens peut parfois être élevé. La mise en oeuvre des travaux nécessaires est donc souvent problématique pour les consommateurs qui sont au bout du robinet. Néanmoins, l’Agence Nationale de l’Habitat peut parfois apporter des aides pour financer cela.
3.3 – Eau du robinet et microplastiques
On constate que les nitrates, les pesticides et les résidus pharmaceutiques sont parmi les polluants les plus fréquemment détectés dans l’eau de notre robinet.
Toutefois, ce ne sont pas les seuls. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les microparticules de plastique sont présentes dans l’eau en bouteille, mais aussi dans l’eau du robinet.
C’est ce qu’indiquait une étude publiée par The Guardian en 2017: 72% de l’eau du robinet en Europe contiendrait des microplastiques dans des proportions variables.
On peut légitimement se demander si, en 2025, la situation sera meilleure.
Somme toute, il n’existe aucune réglementation sur la présence de microplastiques dans l’eau en bouteille ou dans l’eau du robinet.
Pourtant, en 2020, l’ANSES publie un article où elle semble également inquiétée par les microplastiques.

Enfin, une fois n’est pas coutume, le 11 Mars 2024 la Comission Européenne a publié sa décision de définir la méthode de mesure des microplastiques dans l’eau à destination de la consommation humaine.
Prenons cela comme un signal positif en espérant une réglementation « prochainement ».
La Commission Européenne se justifie ainsi :
« Si les incidences potentielles de l’ingestion de microplastiques sur la santé humaine suscitent des préoccupations, les données actuelles sur la question ne fournissent que peu d’éléments scientifiques concluants quant aux effets néfastes des microplastiques sur la santé humaine, en raison d’importantes lacunes dans les informations disponibles concernant les effets biologiques des microplastiques et l’exposition à ces derniers. »
3.4 – Eau du robinet et PFAS
De nouveau, poursuivons notre questionnement…
Des études récentes montrent que, bien que la majorité de l’eau distribuée soit conforme aux normes sanitaires, certaines régions présentent des niveaux préoccupants de contaminants.
Plus précisémment, on parle ici des PFAS (per- and PolyFluoroAlkyl Substances), connus aussi sous le joli nom de « Polluants Éternels ».
En parcourant la documentation sur cette substance, on comprend qu’il s’agit de molécules chimiques créées par l’Homme, et qui représentent une très grande famille de plus de 4000 composés chimiques. Aussi, un beau palmarès de dégâts sur la santé et l’environnement, d’interdictions et de contaminations à travers le monde entier. L’article Wikipedia à lui seul est assez éloquent.

- « 43% des prélèvements réalisés par France Bleu contiennent des PFAS. »
- « 27 échantillons avaient des PFAS interdits ou classés comme cancérogènes, dont 5 à des niveaux préoccupants […] ».
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